Une signature numérique moins polluante

Vous l’avez peut-être remarqué, vous l’avez peut-être déjà fait, ou je vous l’apprends peut-être aujourd’hui: plusieurs organisations changent leur signature numérique à la fin de leurs courriels pour qu’elle soit moins polluante.

Parfois, ça s’accompagne même d’un message dans le sens de « Cette signature numérique a été conçue pour être moins polluante », ou « Pensez aux arbres, n’imprimez pas ce courriel! ». Bon, ajouter des caractères de la sorte à chacune de ses signatures, ça ajoute au poids total du courriel, mais tout de même, bravo pour la tentative de sensibilisation.

Est-ce que changer sa signature peut réduire notre empreinte carbone?

En partie, oui! Ce n’est pas ce qui va avoir le plus gros impact sur la réduction de votre pollution numérique (la palme revient au remplacement de matériel informatique, comme je le mentionnais dans mon dernier article), mais chaque petit geste compte. Et celui-ci est probablement l’un de ceux les plus faciles à appliquer.

Quelque part en 2020, nous signions nos courriels avec notre logo et des icônes menant à nos réseaux sociaux. Ça ressemblait à ça:

On trouvait cela donc bien beau, et donc on la mettait partout, et tout le temps. Puis, on a été sensibilisés à la question.

La place du numérique dans l’ensemble des GES mondiaux

Selon une étude de The Shift Project, en 2019, près de 4% des émissions carbone mondiales étaient attribuables à la production et à l’utilisation du système numérique. C’est deux fois plus que ce qui est attribué aux transports aériens civils, et sans efforts importants, cela pourrait doubler d’ici 2025. La pollution numérique est tentaculaire, chaque petit geste que l’on fait sur le web s’accumule, et c’est en prenant de bonnes habitudes (et en les partageant) qu’on peut arriver à ralentir cette tendance.

Source: The Shift Project

Le poids numérique de la signature QUiNTUS

Dans notre belle signature, il y avait 5 images en tout, pour un total (avec le texte) de 80,7 ko. Avec notre nouvelle mouture, on est parvenus à la réduire à 13,2 ko.

Une économie de 68,5 ko par courriel, ce n’est pas si gros, mais… À l’époque, nous avions aussi calculé le nombre de courriels que chaque employé envoyait par semaine, en comptant un courriel par destinataire (donc, un courriel envoyé à 6 personnes comptait pour 6). La moyenne: 42,67 courriels par semaine.

Avec entre deux et quatre semaines de vacances par année, les maladies et les sans solde, on a une moyenne d’environ 4,5 semaines non travaillées par employé, pour une année de 47,5 semaines.

On est 11 employés, donc 68,5 ko X 11 employés X 47,5 semaines = 35,8 Mo économisés par année grâce à notre signature numérique actuelle.

Si on fait une règle de trois très, très, très grossière avec des chiffres tirés d’un article très intéressant sur le sujet, on sauve l’équivalent de 2,41 km en voiture à essence par année.

QUiNTUS n’est peut-être pas le meilleur exemple

Mais déjà à l’époque, nous utilisions un logiciel de gestion de projets pour limiter les courriels envoyés à l’intérieur de l’entreprise et nous avions « optimisé » cette signature. Notre graphiste avait fait les images dans le bon format, avec une bonne compression, il n’y avait pas de police de caractères à télécharger et le code HTML était restreint.

On a remarqué qu’un de nos clients a une image de 2,4 Mo dans sa signature courriel. Elle est évidemment non optimisée et de taille exagérée. C’est un cas extrême, mais si on refait les mêmes calculs avec cette signature, on arrive à une diminution équivalente à 86 km par année.

Si on considère qu’il y avait 249 685 PME de moins de 100 employés au Québec en 2019, si personne ne faisait “le petit effort” de la signature numérique, ça en fait, des traversées du pays en voiture!

Conseils pour une signature numérique plus légère

• Évitez d’utiliser une image dans votre signature.
• Utilisez une des polices universelles, pour éviter qu’un téléchargement de polices de caractères soit nécessaire pour la visionner correctement.
• Si vous ne pouvez réellement pas vous passer d’une image, compressez le fichier et formatez-le à la taille exacte nécessaire. La plupart des gestionnaires de courriels le font pour vous désormais, mais si vous remarquez que chacun de vos courriels est accompagné de pièces jointes, il vous faudra placer ces fichiers sur un serveur et insérer seulement le lien vers ces fichiers dans votre signature.

Aussi, pensez à désactiver l’ajout automatique de la signature à chacun de vos courriels. Chez QUiNTUS, nous l’avons paramétrée pour qu’elle soit ajoutée seulement lorsque c’est nous qui démarrons la conversation. Personnellement, je l’ajoute parfois en pleine conversation si je vois que plusieurs personnes qui ne me connaissent pas ont été ajoutées en Cc, mais autrement, j’essaie de l’éviter le plus souvent possible. Il m’arrive même de supprimer les échanges non pertinents avant de transférer un courriel à un grand nombre de destinataires, mais je dois avouer que j’ai un petit-moyen TOC avec la pollution numérique en général.

Est-ce que ça vaut la peine de changer sa signature?

En toute honnêteté, j’ai été un peu déçu en cours de rédaction de cet article de voir à quel point cet effort pour modifier notre signature numérique avait potentiellement si peu d’impact sur nos émissions carbone. Mais bon, il fallait refaire notre signature à l’époque de toute façon (j’ai exagéré un peu à quel point on la trouvait belle), alors on se disait: « Pourquoi pas la faire la plus légère possible? »

Et en même temps, de voir que de si petits chiffres, de 10 à 30 ko, peuvent tout de même conduire à l’équivalent de quelques kilomètres d’utilisation d’une voiture, ça fait réfléchir. Qu’est-ce que ça peut représenter lorsqu’on transfère une soixantaine d’images haute résolution développées par nos designers, des vidéos montées par nos monteurs, qui atteignent souvent plus de 1 Go? Et aussi, si nos courriels sont si légers, comment se fait-il que certains de nos employés se retrouvent avec des boîtes courriel de plus de 3 Go?

Dans un futur que j’espère pas trop lointain, je vous partagerai les lignes directrices que l’on tente de respecter chez QUiNTUS pour la gestion de nos courriels. C’est en accumulant ces petits gestes qui sont plutôt faciles à appliquer qu’on arrive à faire une différence qui en vaut la peine.

Notez bien: Les chiffres présentés dans cet article n’ont pas la prétention d’être exacts. Nous avons fait cet exercice pour avoir un ordre de grandeur, et les sources que nous avons consultées font pour la plupart une mise en garde également sur la difficulté de procéder à de telles estimations.