À quel point faut-il communiquer pour exister? Il y a quelques semaines j’ai reçu une infolettre provenant de Later qui disait que, pour obtenir la meilleure croissance possible sur Instagram, le nombre de publications optimal par semaine était de 14 à 16. QUATORZE À SEIZE! Est-ce que je suis la seule à trouver ça un peu intense? D’abord, ce n’est pas tout le monde qui a envie de consacrer sa vie entière à un réseau social. La plupart d’entre nous avons d’autres obligations… Et qui a vraiment assez de choses pertinentes à dire pour combler plus de deux publications par jour?
Quand j’ai commencé à travailler en communications, tous les blogues et les infolettres que je lisais disaient la même chose: il faut avoir un compte Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, SnapChat, et publier de façon constante à tous ces endroits. Publier au moins une infolettre et un billet de blogue chaque semaine. Offrir des livres blancs pour obtenir plus d’inscriptions à l’infolettre, etc. Plus je prends de l’expérience dans le métier et plus je prends ces idées avec deux-trois grains de sel.
Si on communiquait moins, mais qu’on communiquait mieux?
La saturation de l’attention des internautes
J’ai découvert l’an passé les principes du biomimétisme. Il s’agit, en gros, de s’inspirer de la nature pour trouver des solutions innovantes. Le site Ask Nature est super intéressant à ce sujet. En tant qu’ancienne assistante de recherche en écologie des tourbières, je me suis vite intéressée à ce qui se passe dans ce type d’écosystème, et j’ai trouvé une très belle image pour illustrer le contexte dans lequel nous nous trouvons:
Dans les tourbières, toutes les ressources sont restreintes (sauf l’eau, disons). Les pollinisateurs aussi ne sont pas légion. Pour arriver à toutes se faire féconder, les plantes à fleurs en sont arrivées à une stratégie toute simple: chaque espèce fleurit chacune son tour. Ainsi, au moment de sa floraison, chacune a l’entière attention des pollinisateurs.
C’est un peu la même chose sur le web, où les internautes sont bombardés d’informations, de pubs et contenus alors que leur capacité (et volonté) d’attention a ses limites. Ainsi, sommes-nous obligés de tous publier du contenu de façon frénétique dès la rentrée, au vendredi fou, à chaque journée mondiale de quelque chose? Lorsque nous le faisons, quelle est la qualité de l’attention que nous réussissons à capter?
Sans oublier la pollution numérique
La pollution numérique est sans doute la pollution la plus invisible que nous causons. Présentement, la quantité de gaz à effet de serre qu’elle produit est supérieure à celle émise par l’aviation civile. L’air de rien, tout ce que nous publions sur le web est hébergé sur des serveurs qui fonctionnent jour et nuit pour que ce contenu soit accessible en tout temps. Et tout ce contenu n’est jamais que sur un seul serveur. Il existe un principe de redondance qui fait que tout est copié sur plusieurs serveurs pour ne rien perdre en cas de panne. Certains géants du web ont promis ou ont réussi la migration vers des serveurs alimentés aux énergies renouvelables, mais plusieurs sites et applications sont encore dépendants des énergies fossiles.
Pensez-y rapidement. Quel est le poids des données produites par votre organisation (médias sociaux, infolettres, vidéos, documents à télécharger, etc.)? Sur quels types de serveurs sont-elles hébergées? Lorsque vous envoyez une infolettre remplie d’images à des centaines d’abonnés, pendant combien de temps va-t-elle traîner dans des centaines de boîtes courriel sans être ouverte? Ça donne le tournis parce que c’est extrêmement difficile d’avoir un portrait global de notre pollution numérique, et que la réponse est souvent «j’ai publié et hébergé tellement de choses sur le web que je ne peux même pas tout recenser.»
En somme, tout ce que vous publiez émet une certaine quantité de pollution… donc aussi bien que cette pollution en vaille la peine et soit vraiment porteuse de sens!
Utiliser son temps à bon escient
J’ai conseillé plusieurs fois à des clients dans les dernières années de fermer un compte de réseau social qui était peu ou mal utilisé: un compte presque inactif donne l’impression d’une organisation presque inactive. Donc, en supprimant ces comptes, on faisait d’une pierre trois coups: enlever une épine dans le pied de l’image de l’organisation, diminuer sa pollution numérique et alléger cette charge mentale qui nous dit qu’on devrait publier sur un réseau social alors qu’on n’a jamais le temps de le faire. Vaut mieux réduire les canaux de communication, mais bien les utiliser.
Si vous n’aviez à choisir que 3 canaux de communication numérique, lesquels choisiriez-vous? Dépendamment de votre type d’organisation, ça pourrait être blogue, infolettre, LinkedIn ou Instagram, Pinterest, blogue ou Twitter, Facebook, infolettre. C’est différent pour chaque organisation (même si le blogue est vraiment mon préféré et que si je n’avais qu’un canal à choisir, ce serait presque toujours lui, autant pour la qualité du contenu qu’on y trouve que pour l’efficacité d’un bon référencement web).
Finalement, pourquoi ne pas s’en tenir à un article de blogue par mois? Une infolettre par saison? Une à deux publications par semaine sur les réseaux sociaux? Dans bien des cas, c’est suffisant. Au lieu de bombarder constamment les gens de contenu peu pertinent, juste parce qu’il faut publier du contenu, pourquoi ne pas choisir avec soin ce qui a vraiment du sens, ce qui vaut la peine d’être vu? Les personnes qui vous suivent n’en seront que plus heureuses de recevoir votre contenu pertinent et soigneusement préparé.
Dominique Viens
Posted at 10:54h, 16 févrierMerci Maude pour cette réflexion. Elle enlève cette culpabilité de ne pas en faire assez. Je trouve tes suggestions beaucoup plus raisonnable et facile à atteindre par la même occasion.
Maude
Posted at 13:00h, 16 févrierMerci pour ton commentaire Dominique! En effet je crois que les standards de communication sur le web on été fixés par des gens qui avaient tout à gagner à ce qu’on ne fasse que ça de notre vie.